La beauté se rapporte à la bonté.
Car « Dieu est le bien. Mais il est aussi la beauté » déclare le philosophe Gustave Thibon. En effet, « les transcendantaux se rejoignent par en haut : une très haute vertu rayonne toujours de beauté, une parfaite œuvre d’art élève non seulement les esprits, mais les âmes. » ajoute-t-il. « Nous ne pouvons qu’accueillir la beauté comme un don et une grâce, car la beauté appelle la bonté. », nous partageait l’Académicien François Cheng.
Néanmoins, on observe un décalage majuscule entre l’essence des belles choses et la décadence de leurs usagers. Le mal cohabite alors avec le beau.
Les lieux magnifiques d’exercices du pouvoir, ambassadeurs de pierre de notre civilisation sont moralement corrompus : au Parlement, à l’Élysée, dans les ministères et les hôtels de ville, les décisions sociopathes antipeuple, les lois liberticides ne se comptent plus.
Pourtant, « Nous sommes les enfants de notre paysage, déclarait l’auteur anglais Lawrence Durell. Et c’est lui qui nous impose notre conduite, et même nos pensées.” C’est dire à quel point nos élites sont hors-sol ! Puisse la déclaration de Durell devenir parole de vérité pour cette espèce-là.
C’est sans compter sur les églises, maison du Seigneur et lieu de déploiement de la beauté de l’art sacré. Elles sont souillées, recyclées en salle de concert, en piste de défilé de mauvais goût, avec le concours d’une partie du clergé. Certaines sont même transformées définitivement en discothèque.
Au demeurant, notre langue magnifique est sapée par ses locuteurs. Ils la disloquent avec le verlan, et la sabordent avec l’arabe ou l’anglais.
Notre langue légère et distinguée est hachée et alourdie par l’écriture inclusive.
Tant de mots chrétiens sont sécularisés, vidés de leur substance. L’usage abusif de mots forts comme « communier », « en état de grâce », « crucifié », « rédemption », « amour », « apocalypse », « s’attirer les louanges », « louer », « encenser », dans la vie quotidienne, le monde du spectacle et du ballon rond, vampirise le sens des mots.
Tout ceci a pour conséquence un appauvrissement, non seulement de la pensée de ses locuteurs déviants, mais encore de la langue lorsque ces usages deviennent normalisés par les relations sociales ou les institutions.
Pourtant, cette langue véhicule notre culture millénaire grandiose, comme le déclarait si bien le Cardinal VILLENEUVE, lors d’un discours en 1938. Écoutons-le : « La langue française représente la pensée peut-être la plus brillante en Europe, elle incarne les conceptions sociales dans leur idéalisme chevaleresque et parfois candide, les plus hautes et les plus généreuses. Elle est un dépôt cristallisé de quinze siècles de culture générale intense, de cinq siècles de littérature classique. Elle est un style de langage clair, simple, harmonieux, nuancé, travaillé, ajusté, élégant. Elle est d’une poésie radieuse et solide. Elle est, Messieurs, que l’on me pardonne, je le dis, du reste sans le moindre esprit usurpateur, elle est Sa Majesté la Langue Française ».
En définitive, beaucoup ne sont pas dignes de nos chefs-d’œuvre artistiques et de cette langue majuscule. Personne n’en est vraiment digne. C’est un insigne honneur de jouir de cet héritage à mettre au crédit nos géniaux aïeux.
À tout le moins la cohérence serait de mise.
C’est une chose de visiter un lieu, une autre d’y siéger.
Alors tel lieu notable, tel dirigeant ou représentant et tel représentant, tel lieu.
Et, telle langue, tel locuteur ou tel locuteur telle langue.
Nos représentants médiocres et cyniques, qui prennent des décisions injustes et mauvaises aux antipodes des valeurs chrétiennes, sont non seulement entourés d’art antique païen mais aussi d’art sacré, réalisé par des catholiques : peintures, statues, sculptures, tapisseries qui manifestent la gloire et la beauté du christianisme. Par souci de cohérence et de justice, ils devraient être mis sous cloche dans de petits sites composés de verre et d’acier à l’image de leur esprit froid et étriqué.
Quant aux locuteurs médiocres ou les fossoyeurs de notre langue, qu’ils cessent de phagocyter et de galvauder notre langue : les uns avec leurs emprunts linguistiques et leur vocabulaire réduit, les autres avec leurs poisons idéologiques et la novlangue.
Que leurs mauvaises pratiques ou leur œuvre de destruction reste circonscrite à leur cercle.
Assurément, notre langue doit s’adapter aux usages, mais son usage présente des codes, une grammaire qu’il faut respecter et non pas déprécier selon une logique de nivellement vers le bas ou d’égalitarisme. Notre langue est vivante certes, mais que cela ne soit pas un prétexte pour la tuer.