AUTOSUFFISANCE, LE PÉRIL DE LA FORTUNE

« L’argent n’est que matière première, disait Raoul Follereau, à l’homme d’en faire chef-d’œuvre exaltant ou monstre dévorant »

Mais, l’argent a pris une place omniprésente dans la société avec la monétisation de la plupart des choses et la financiarisation de l’économie, qui permet à des investisseurs et des actionnaires de gagner une manne financière considérable, par des bulles spéculatives. C’est sans compter sur tous les héritiers d’une grande fortune. Parallèlement, la société de consommation déchristianisée a fait lever tous les garde-fous.

Par conséquent, un homme fortuné risque de devenir autosuffisant, par rapport aux autres et à Dieu. « Il est plus facile à un chameau de passer dans le trou d’une aiguille qu’à un riche d’accéder au Royaume des Cieux », nous dit l’Évangile.

La possession importante d’argent met dans un état de sécurité financière qui risque de dispenser de l’abandon et de la confiance en Dieu comme unique source de salut.

Je suis « blindé aux as » alors, je peux tout faire, je peux tout contrôler : retard, suppression de transport, hop, taxi ou jet. Vieillissement ou physique indésirable, hop, chirurgie.

La possession d’argent important et de grands biens qui en découlent constituent des biens matériels et temporels qui peuvent apporter un sentiment de satiété au riche qui risque de bouder les biens spirituels qui rassasient l’âme et la disposent à la sainteté, et donc au salut éternel.

J’ai beaucoup de liasses dans les poches, alors je suis comblé, je ne manque de rien, et je peux me passer de Dieu. 

C’est sans compter sur le pouvoir tentaculaire que l’ultra-riche peut exercer, en achetant son image, ou celle de ses entreprises, sa défense, en payant les meilleurs avocats, le silence de personnes lui faisant obstacle, en cas de scandale. Cette omnipotence fait prendre le risque de se prendre pour Dieu.

Au demeurant, la fortune menace le nanti, d’autosuffisance vis-à-vis de ses semblables.

En effet, lorsque le monde est scanné par l’argent et que tout peut s’acheter, en particulier les services, allant de la téléportation dans les endroits les plus inaccessibles, grâce à son jet, en passant par les escort girls, les bébés sur commande, jusqu’au temps, en déléguant tout type de travail et de service, les autres ne sont plus que des moyens pour le riche.

Ils ne s’envisagent que dans le cadre de contrats commerciaux. Les amis, les voisins ne sont plus nécessaires pour le riche.

Il n’y a plus de relations gratuites. Il n’a plus besoin de demander un service, car tout s’achète.

Ou alors c’est la cooptation dans un microcosme qui corrompt le copain de la coterie et exclut la majorité.

Le riche qui n’a pas un esprit de pauvreté, se repaitra alors avec le gazon synthétique de son île où il jouira de ses paradis artificiels en sirotant le verre de sa solitude.

Ses seuls contacts seront alors son réseau d’individus dont il partage des intérêts. En bref, des partenaires, quand ce ne sont pas ses affidés qui s’exécutent lorsqu’il clique ou lorsqu’il claque des doigts.

Ce qu’il oublie, c’est qu’il n’est pas heureux, mais satisfait, que ses caprices de plus en plus insatiables, sont comme des fers à ses pieds. Enfin, sa sécurité financière lui fait oublier le goût du risque qui donne des ailes. L’amour de l’argent le dévore. « L’argent vous ment. Il prétend suffire à tout, et vous libérer : il vous enchaîne et vous humilie », déclarait Raoul Follereau.

Nous terminerons par cette dernière mise en garde de Follereau : « Écartez-vous de ceux pour qui tout se résume, s’explique et s’apprécie en billets de banque. Même intelligents, ce sont les plus stupides de tous les hommes. On ne fait pas un tremplin avec un coffre-fort. » 

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