UN DÉBAT STÉRILE MAIS RÉVÉLATEUR

J’ai l’habitude d’échanger avec des militants politiques, moi-même militant.
Je le fais souvent naturellement avec une certaine passion.
Cette fois je n’avais pas très envie, assez fatigué et pressé, mais je me suis quand même arrêté devant un groupe de femmes qui militait pour les élections législatives. Par devoir.

J’attendais qu’elles m’interpellent pour exprimer ma profonde opposition.
C’est bien ce qu’il s’est passé. J’ai commencé par dire que j’avais déjà récupéré un tract dans le magasin à proximité, car il traînait et que ne souhaitais pas qu’il reste.

Elles avaient l’air peu informées quand j’évoquais les infamies du pouvoir politique qu’elles défendaient.
Elles trouvaient pour principales réponses « quelles sont vos sources » et un certain relativisme.
Et l’échange s’est terminé comme si tout allait bien, par un sourire de mon interlocuteur disant qu’il était bon qu’on puisse échanger malgré nos désaccords d’opinion. Alors je lui ai souhaité de continuer à militer en connaissance de cause, ce qui me paraît essentiel. Elle appréciait que je sois bien au courant de la politique et que ce n’était pas le cas de beaucoup de jeunes.

Mais dans le fond, quand on évoque des faits, qui montrent objectivement l’immoralité, le déni de démocratie, la haute trahison du pays, il ne doit pas y avoir de débat, on doit être d’accord.
Il faut du pluralisme certes, dans les cultures, les personnes, la pensée, mais pas devant un fait objectif. Le bon sens, la morale est univoque, elle doit rassembler.
Trop souvent, ces faits abordés amènent l’interlocuteur à discréditer les sources, à relativiser les faits, à l’inversion accusatoire comme l’usage du terme le plus en vogue : complotiste. Par orgueil ou par confort, on reste campé sur ses positions.

Dans la foulée, j’ai échangé avec un macroniste militant.
Ce moment réunissait un certain nombre d’ingrédients intéressants et savoureux qui composent des débats, qui n’en gardent que le nom.
J’essayais de lui montrer en quoi le pouvoir en place était dangereux et desservait la France.
Et en fait, il se saisissait de tous mes mots clefs qu’il interprétait ou tournait en dérision, me coupant ainsi régulièrement la parole. Il relativisait également mes invectives.
Au début, il répondait à mes arguments sur un autre plan que ceux sur lesquels j’évoluais.
Rapidement, il a dit que j’étais complotiste, avant même que j’aille au bout de mon raisonnement, et pourtant j’essayais d’être factuel.
Voilà un homme qui n’écoutait pas, très sûr de lui et relativiste.

Il s’est comporté comme un terroriste intellectuel, omniprésent dans la sphère médiatique et également culturelle pour discréditer, jeter l’opprobre sur le contradicteur ou le lanceur d’alerte, plutôt que débattre de tel ou tel problème. Ce qui est toutefois le préalable avant de le résoudre.

Lorsque j’ai osé comparer le mondialisme au nazisme et au communisme, dans son totalitarisme, il m’a dit que je manquais de respect pour les victimes de la Shoah et que je n’étais plus digne ! Encore un juge de la pensée.

Il a fini par déclarer que les propos que je tenais étaient ceux contre lesquels il s’était battu par le passé. Cela fait doucement rigoler. Quel valeureux guerrier, auréolé de gloire me faisait face ! Ou simplement un chien de garde de la bien-pensance lâche et confortable.
Serais-je donc l’incarnation de ses vieux démons, un spectre qui viendrait le hanter de nouveau ? Foutaise.

À la fin, je lui ai dit que je lui souhaitais le meilleur, et il a répondu penaud « moi je ne vous le souhaite même pas.  » J’ai ajouté que je prierai pour lui. Pris de court, il a marmonné.
Finalement, je crois que je l’ai blasé.
Pourtant, il a eu affaire à quelqu’un qui était ouvert au débat, respectueux malgré ses nombreuses coupures et sa dérision de mes propos.
Mais, mes propos aux relents complotistes et peut être même fachos ont dû avoir raison de moi.
Il a préféré jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est tout le problème, je trouve, de ne pas faire la part des choses entre la personne et les propos. Pourtant on avait dit et répété : « pas d’amalgame »!

En fin de compte, peut-être a-t-il été atteint d’une dissonance cognitive. Un adversaire qui le bénit en le quittant. C’était trop.

Pour ma part, j’ai gagné l’intime conviction que le débat nécessite une certaine disposition d’esprit et une capacité de jugement : l’écoute, une remise en question, faire la différence entre la personne et son discours, entre les faits et les idées, et enfin une connaissance du sujet que l’on défend. C’est tout ce qui a manqué ce soir-là.


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